Suite des merveilleux voyages de Lee le sinologue aux semelles de vent ! Cette fois ce sont des notes qui datent de l'année dernière : voyage au Yunnan, le Sud-Ouest montagneux & mystérieux, le pays des confins !
Je suis en train
de lire la biographie de Joseph Rock (1884-1962), un explorateur dandy qui fit
pour le compte de National Geographic, dans les années 1920, la route de
Shangri-la (Au royaume des femmes, par Irène Frain). Figurez-vous qu’à l’époque, tout était facile : celui qui se
déclarait prêt à renoncer aux douceurs (pourtant assez relatives) de la
civilisation pour s’enfoncer dans les régions inexplorées, à apprendre sur le
tas les idiomes exotiques, se voyait proposer des ponts d’or.
Joseph
l’Américain d’origine autrichienne, titulaire d’un faux diplôme de botanique,
devint célèbre pour son excentricité plus encore que pour ses découvertes. Il
poussait le dandysme jusqu’à emmener avec lui dans tous ses déplacements des
malles entières contenant du linge fin, des porcelaines de limoges, une
argenterie complète, qu’il se faisait un devoir d’utiliser à chaque repas. Ses
bagages comprenaient aussi une baignoire, qu’il faisait remplir deux fois par
jour d’eau brûlante. Et bien sûr d’exquis flacons pour épater les laowais de
passage et impressionner les chefs locaux. Ses émoluments couvraient non
seulement les frais de voyage, mais aussi la petite armée de porteurs, de
gardes du corps, d’assistants, de cuisiniers, etc. sans lesquels l’explorateur
ne faisait pas un pas.
C’était le temps
béni des explorateurs de salon, mi-journalistes et mi-scientifiques, qui
côtoyaient les envoyés diplomatiques, mi-espions et mi-brigands, les
précurseurs de la colonisation. Il fut un temps où il suffisait de se déclarer
prêt à partir à l’autre bout du monde pour que gazettes et gouvernements du
monde civilisé jettent à vos pieds de somptueuses avances sur les articles, les
photos, les relevés topographiques et autres informations capitales que vous
alliez leur envoyer depuis les contrées dont rêvent les lecteurs. Le monde a bien
changé !
Alors
qu’aujourd’hui l’explorateur en classe économique transporte lui-même les
20 kg de bagage en soute auxquels il a droit. On lui réserve de fades
itinéraires fléchés et d’insipides menus découverte. Il ne quitte le sentier
battu que pour admirer le lieu commun (bien heureux s’il échappe au fait
divers) ! Tout est depuis longtemps routardisé© ou lonelyplanété®,
googlemappé™,… Désormais les indigènes s’habillent en Prada, et l’artisanat
local est made in China. Il n’y a
plus que les attentats et les coups d’Etat pour soulever un semblant d’émotion.
Pas étonnant que la presse s’enfonce dans un déprimant sensationnalisme.
Seuls les fans de
Lee bénéficient encore de ces comptes rendus détaillés, objectifs et vitaminés,
faits main, à l’ancienne. Rédigés avec amour, à grand renfort de références
historico-culturello-poétiques. Bande de veinards !
Et cette fois
c’est du lourd : aux confins du Tibet, de l’Himalaya, de l’Inde, en plein
pays mystérieux du Yunnan, Lee le sinologue de terrain taille la route et les lecteurs
de Lee le suivent pas à pas :
- Et enfin Shangri-La, synonyme à l'époque d'Eldorado et de paradis caché au coeur des montagnes!
- La fameuse cuisine du Yunnan ! Et encore là ! Ah et puis surtout le SCOOP!
- L'art de la fête des Tibétains !
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