samedi 15 février 2014

Sur la route de Shangri-La



Suite des merveilleux voyages de Lee le sinologue aux semelles de vent ! Cette fois ce sont des notes qui datent de l'année dernière : voyage au Yunnan, le Sud-Ouest montagneux & mystérieux, le pays des confins !

Je suis en train de lire la biographie de Joseph Rock (1884-1962), un explorateur dandy qui fit pour le compte de National Geographic, dans les années 1920, la route de Shangri-la (Au royaume des femmes, par Irène Frain). Figurez-vous qu’à l’époque, tout était facile : celui qui se déclarait prêt à renoncer aux douceurs (pourtant assez relatives) de la civilisation pour s’enfoncer dans les régions inexplorées, à apprendre sur le tas les idiomes exotiques, se voyait proposer des ponts d’or. 

Joseph l’Américain d’origine autrichienne, titulaire d’un faux diplôme de botanique, devint célèbre pour son excentricité plus encore que pour ses découvertes. Il poussait le dandysme jusqu’à emmener avec lui dans tous ses déplacements des malles entières contenant du linge fin, des porcelaines de limoges, une argenterie complète, qu’il se faisait un devoir d’utiliser à chaque repas. Ses bagages comprenaient aussi une baignoire, qu’il faisait remplir deux fois par jour d’eau brûlante. Et bien sûr d’exquis flacons pour épater les laowais de passage et impressionner les chefs locaux. Ses émoluments couvraient non seulement les frais de voyage, mais aussi la petite armée de porteurs, de gardes du corps, d’assistants, de cuisiniers, etc. sans lesquels l’explorateur ne faisait pas un pas.


C’était le temps béni des explorateurs de salon, mi-journalistes et mi-scientifiques, qui côtoyaient les envoyés diplomatiques, mi-espions et mi-brigands, les précurseurs de la colonisation. Il fut un temps où il suffisait de se déclarer prêt à partir à l’autre bout du monde pour que gazettes et gouvernements du monde civilisé jettent à vos pieds de somptueuses avances sur les articles, les photos, les relevés topographiques et autres informations capitales que vous alliez leur envoyer depuis les contrées dont rêvent les lecteurs. Le monde a bien changé !

Alors qu’aujourd’hui l’explorateur en classe économique transporte lui-même les 20 kg de bagage en soute auxquels il a droit. On lui réserve de fades itinéraires fléchés et d’insipides menus découverte. Il ne quitte le sentier battu que pour admirer le lieu commun (bien heureux s’il échappe au fait divers) ! Tout est depuis longtemps routardisé© ou lonelyplanété®, googlemappé™,… Désormais les indigènes s’habillent en Prada, et l’artisanat local est made in China. Il n’y a plus que les attentats et les coups d’Etat pour soulever un semblant d’émotion. 

Pas étonnant que la presse s’enfonce dans un déprimant sensationnalisme.
Seuls les fans de Lee bénéficient encore de ces comptes rendus détaillés, objectifs et vitaminés, faits main, à l’ancienne. Rédigés avec amour, à grand renfort de références historico-culturello-poétiques. Bande de veinards !


Et cette fois c’est du lourd : aux confins du Tibet, de l’Himalaya, de l’Inde, en plein pays mystérieux du Yunnan, Lee le sinologue de terrain taille la route et les lecteurs de Lee le suivent pas à pas :

- Kunming la capitale de la région
- Les rencontres avec les touristes du cru
- Et enfin Shangri-La, synonyme à l'époque d'Eldorado et de paradis caché au coeur des montagnes! 
- La fameuse cuisine du Yunnan ! Et encore là ! Ah et puis surtout le SCOOP!
- L'art de la fête des Tibétains !

(A suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire